Sur le départ (libre)

Une mince jeune fille se fraya un passage entre les rangs pressés de voyageurs qui se dépêchaient d'entrer dans la gare... Ignorant purement et simplement les regards curieux qui se posait sur la cage qui contenait Athéna, sa chouette pêcheuse de Pel, qui, par son mètre soixante d'envergure et son faux air de rapace semblait avoir le chic pour attirer l'attention. Mais, de ça, Erika s'en souciait comme de sa première chaussette. La chose qui l'intéressait réellement à ce moment précis était la merveilleuse découverte qu'elle venait de faire... La gare avait changé depuis l'année dernière et une rampe avait été ménagée. Une rampe par laquelle si les calculs auxquels se livraient la jeune métisse étaient exacts descendait droit vers la voie 9 ¾... Tout ça méritait vérification...

Vérifiant que personne ne risquait de se retrouver sur sa trajectoire et de la gêner dans son élan pour se jeter droit sur la barrière, elle poussa le chariot qui contenait ses valises... Suffisamment pour lui faire prendre la pente à une vitesse confortable. Puis posant ses pieds sur le rebord de métal, elle laissa le poids et la gravité compléter son expérience. La chouette jeta un regard exaspéré à sa propriétaire...Elle n'avait même plus la force de paraître terrorisée. Après 6 années passées auprès de ce que l'animal avait fini par considéré comme l'être le plus inconscient de la terre, la chouette avait fini par s'habituer. Et c'est avec un petit yahou qu'Erika franchit la barrière magique qui conduisait au Poudlard Express.

Si la jeune fille n'avait pas eu le moindre mal à prendre de l'élan et de la vitesse, il fut autrement plus difficile de freiner sans nécessiter un arrêt sur les rails. Et c'est ainsi qu'Erika prit son parti de bousculer une bande de troisième années qui stationnait commodément en travers de sa route... Une fois démêlée de l'enchevêtrement de bras et de jambes créé par son arrivée brutale et sa chute, l'intenable Gryffondor se dirigea vers les wagons, bien décidée à se trouver un compartiment libre. De toute façon, elle n'aimait pas s'incruster dans les endroits bondés, elle y était toujours excessivement mal à l'aise. Prenant son parti de devoir chercher un moment la perle rare, elle libéra Athéna, la laissant rejoindre Poudlard par ses propres moyens confiant ses affaires au personnel.

Cette fois-ci, elle était venue du Caire seule... Ses parents étaient beaucoup trop occupés avec leur nouveau chantier de fouilles pour se permettre un voyage à Londres avec leur fille. Erika proclamait toujours être capable de se débrouiller seule et cette rentrée avait été l'occasion de le prouver. Elle avait plutôt brillamment réussi l'examen qu'elle s'était auto-imposée, en se rendant dans la capitale anglaise d'elle-même et en utilisant des moyens moldus. De toute façon, elle aimait les challenges. Elle ne cessait de le répéter à tout bout de champ...

Entrant dans un compartiment vide, elle s'assit tranquillement étendant ses longues jambes et posant négligemment ses pied ssur le siège d'en face, pensant qu'elle allait être seule encore quelques temps. Mais elle se trompait... Car quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit...

Wednesday, accompagnée de ses parents et de sa jeune soeur, garrèrent leur voiture d'aspect moldu sur le parking de la gare. La petite troupe n'était pas vraiment en avance, mais pas en retard non plus. Disons qu'ils étaient à l'heure ! Weddy entassa ses trois valises sur son chariot, et posa délicatement le panier de Milk-Shake tout au dessus. Son chat était plus qu'important pour elle, et elle se devait de lui offrir la meilleure place.

Les McGregor entrèrent dans la gare, sans faire se retourner sur son passage les moldus qui s'affairaient sur les quais. Wednesday poussait son chariot avec entrain, devant tout le reste de la famille, qui éssayait tant bien que mal de se fondre dans la foule. Mais Weddy était déjà devant la barrière qui menait au quai 9 ¾. Et logiquement, elle la traversa seule, prenant un peu d'élan sur la pente amménagée. Mais comme à chaque fois, Weddy eut un mal fou à s'arrêter. Ses ballerines, aux semelles lisses, glissaient sur le sol, et Wednesday faillit s'aplatir comme une crêpe. Mais finalement, elle s'arrêta avec grace devant la porte d'un wagon.

Faisant un petit signe à sa famille qui venait de traverser la barrière, Wednesday grimpa dans le wagon, le panier de Milk-Shake sous le bras, traînant péniblement ses trois valises, à la recherche d'un compartiment vide.
Le compartiment juste à sa gauche ne comportait qu'une jeune fille, que Wednesday connaissait assez bien. Tout simplement parce qu'elles étaient dans la même maison, dans la même classe, et qu'elles partageait le même dortoir. Logique donc, que Weddy reconnaisse immédiatement Erika.
La jolie blonde ouvrit la porte du compartiment, ayant posé ses valises au préalable.

"Je peux m'asseoir ici ?" demanda la jeune fille, désignant la banquette en face d'Erika d'un signe de tête.

La porte coulissa, coulissa, et allait révéler d'un moment à l'autre qui se trouvait derrière. Pourvu que ce ne soit pas un Serpentard ou pire toute une bande... Erika avait un talent tout à fait particulier pour provoquer des conflits avec les élèves de cette maison. Conflits qui aboutissaient en général sur un pugilat des plus vigoureux. C'était ainsi qu'elle avait commencé l'année précédente avec la lèvre inférieure fendue, le sentiment grisant d'avoir ramassé sa grande gueule à un de ses aristocrates de bas-étage qu'étaient les verts et argents et une retenue... Il ne fallait pas qu'elle recommence cette année.

Mais il s'agissait de Wednesday... Une fille de Gryffondor. Le soulagement prit la forme d'un long soupir chez la jeune sorcière. Elle aimait bien Wednesday, elle aimait bien le fait qu'elle ait son propre style. Erika aimait les gens énergiques et vifs comme Wednesday. Et puis, elles avaient une chose en commun. Elle étaient toutes les deux de sang-mêlés et vivaient toutes les deux entre deux univers. Découvrant la jeune fille sur le seuil, elle lui adressa un sourire radieux en guise de salut.

“Comme tu peux avoir, y a pas affluence... Donc je t'en prie, installe-toi...” déclara Erika en enlevant ses pieds du siège et en se redressant. “Je suis contente que ce ne soit toi et pas un de ses abrutis de Serpentards, je crois que j'aurais pas pu passer le voyage sans leur crever les yeux... Tu as passé de bonnes vacances?”

Elle avait conscience que son discours était quelque peu tranché mais elle était comme ça, tout en extrêmes... Et puis elle espérait que les deux mois qui s'étaient écoulés aient été au moins aussi passionants pour Wednesday que l'avaient été les siens. Deux mois passés dans une région reculée à suivre la trace du tombeau d'un sorcier. A traquer les moindres indices de son passage. A faire du cheval par monts et par vaux. Ça c'était la vraie vie. Elle secoua la tête pour se sortir de ses agréables souvenirs et se tourna à nouveau vers la jeune fille pour remarquer qu'elle avait avec elle son chat, Milk-Shake. Elle aimait bien ce chat... Elle aimait bien les chats en général de toute façon...

Wednesday se contenta d'un sourire en guise de remerciement. Elle s'assit en face d'Erika, déposant délicatement le panier dans lequel Milk-Shake était peletonné sur le sol. Quelques minutes plus tard, le chat sautait sur ses genoux en ronronnant.
Weddy aimait bien Erika. Elle était un peu bizarre et étrange, et c'était ce qu'elle aimait chez elle. Les aristocrates de Serpentard, tous des clones les uns les autres, l'énervaient au plus haut point. Et en plus, aucune originalité. Erika, au moins, avait son propre style, et ne réagissait pas forcément comme réagiraient la moitié de Pré-au-lard. Bref, Erika était comme Wednesday : a part. Laur faiblesse, mais aussi leur force.

Weddy caressait machinalement Milk-Shake, qui n'allait pas tarder à s'endormir sur ses genoux. D'ailleurs, il vallait mieux qu'il s'endorme, car en général, il tombait malade en train. Et un chat malade en train, ce n'est pas très beau à voir.

"Te connaissant, je m'en doute." fit Weddy, à la remarque d'Erika sur les Serpentard.

D'ailleurs, elle non plus n'aurait pas supporté de passer tout le voyage en compagnie d'un abruti sadique en robe verte et argenté. Weddy n'avait jamais aimé le vert. Une raison de plus de haïr cette couleur...

"Assez bonnes... Mais bon, train train habituel, quoi ! Je suis partie en France, dans le sud. La chaleur était étouffante. Mais j'imagine que ça n'a rien à voir avec... l'Egypte."

Wednesday accentua le dernier mot, avec un petit sourire. Elle se doutait bien que Erika avait passé ses vacances là-bas, et elle attendait que celle-ci les lui raconte. Ce que vivait Erika en vacance était tout simplement extraordinaire, et surtout, vraiment interressant. Wednesday l'enviait beaucoup sur ce point là.

Milk-Shake sauta de ses genoux, retombant gracieusement sur le sol, et se faufila à travers la porte du compartiment, que Weddy n'avait pas tout à fait fermé. Espéront juste que ces maudits Serpentard ne viennent pas embêter son chat...

Erika remarqua distraitement que la porte du compartiment n'avait pas été fermée et que le brouhaha des élèves cherchant une place leur parvenait disctinctement. Les bruits des conversations, celui des valises s'entrechoquant, s'entremêlaient dans une cacophonie tout à fait typique des rentrées de Poudlard. Et malgré l'éloignement de son pays natal, la jeune fille avait la curieuse impression d'être toujours à la maison. Mais Poudlard faisait cet effet-là à beaucoup de monde. Retrouver ses camarades de classe. Les dédales de couloir et les fantômes,bref tout ce petit univers magique qu'elle aimait tant.

Elle regarda le chat persan se prélasser sur les genoux de sa propriétaire en se demandant si oui ou non cette année, il irait enfin vomir sur la robe de cette peste de préfète d'Emma White. Emma White qui avait toujours un bon prétexte pour enlever des points ou mettre des retenues à tout individu qui ne lui revenait pas. Erika rêvait de lui balancer une pigne en pleine poire depuis le premier jour où elles s'étaient croisées...

Elle écouta avec attention Wednesday lui narrer le récit de ses vacances et quand elle eut fini, Erika laissa échapper d'un ton rêveur...

“La France... J'aimerais bien y aller un jour...”

Puis elle adressa un clin d'oeil à sa camarade de classe.

“Oui, on va dire que cet été, j'ai eu chaud à plusieurs reprises. Mes parents et moi avons été sur un nouveau chantier de fouilles. Tu peux même pas imaginer le genre de trucs que les sorciers de l'époque ont inventé pour pourrir la vie de celui-ci qui voudrait déranger les morts. On est tombé sur une momie dont les bandelettes avaient été ensorcelées de façon à étrangler leur premier qui passerait à leur hauteur. Un enfer... Mais je me suis bien amusée! Si ça t'intéresse un jour tu pourras venir... Enfin si tu ne crains pas de risquer ta vie et que tu as de bonnes chaussures de marche...”

Cette invitation n'était pas lancée en l'air, la jeune fille étant toujours ravie de faire découvrir son pays et le genre de vie qu'elle menait aux gens qui s'y intéressaient.

Wednesday suivit son chat du regard pendant un petit moment. Une fois, elle l'avait retrouvé attaché dans un des portes bagages dans un compartiment plein de Serpentards. Weddy avait eu énormément peur pour son Milk-Shake chéri. Mais peut-être était-il allé retrouver Noisette, le chat de sa soeur ? D'ailleur, Weddy ne savait pas non plus où elle se trouvait...

Le train s'ébranla enfin, pendant le discours d'Erika. L'Egypte devait être un pays merveilleux, et toutes ces fouilles devaient être passionnantes. Wednesday adorait quand Erika lui racontait ce genre de choses, car, d'abord, cela la faisait bien rire. Les sorciers d'autrefois avaient des moyens pour se protéger assez cocasses. Mais se retrouver face à ce genre de situation devait l'être un peu moins que juste écouter un récit bien raconté. Et deuxièmement, car cela la faisait rêver. L'Egypte et ses pyramides devait être un spectacle grandiose. Un soleil de plomb, certes, mais ce devait être magnifique, le Caire. Avec ses ruelles et ses échopes, aux devantures pleines d'épices. Cette vision devait rester incrustée dans la rétine. C'était forcé. Rien que d'entendre Erika raconter tout cela, Weddy s'imaginait, au milieu de kilomètres carrés de sable, Milk-Shake dans les bras, à admirer les pyramides se dessinant au loin. Tout simplement merveilleux. Mais elle n'avait jamais vraiment pensé à aller en Egypte. Pas vraiment, en fait. Certes, cela lui avait peut-être traversé l'esprit... Mais la proposition d'Erika l'intriguait un peu.

Wednesday fit un signe de la main à ses parents qui s'eloignaient peu à peu, le train commençant à prendre de la vitesse. Le bruit dans les couloirs s'était tût, et enfin, la belle blonde pourrait bien entendre son interlocutrice.

"Tu sais... Ca ferait un peu étrange d'aller là-bas, non ? Je veux dire, que dans un décor pareil, je ferais un peu "tâche" ! Mais pour les chaussures de marche, c'est sans problème. Par contre, je tient à ma vie ! Mais ça doit être plutôt amusant de voir des bandelettes se tortiller en l'air pour essayer de t'étrangler."

Wednesday éclata de rire, à la vision d'une momie fonçant vers elle, ses bandelettes s'agitant près de son cou, et elle-même s'enfuir à toutes jambes. Seulement, Weddy n'était pas comme Erika...

Erika regarda attentivement la jeune fille en face d'elle, évaluant ses capacités réelles. Non elle saurait se débrouiller, même si elle se faisait courcer par une petite dizaine de momies animées d'intentions homicides et réveillée par le sort d'un prêtre décédé depuis des siècles. Elle s'amuserait sûrement. Enfin, elle du moins s'amusait à chaque fois qu'elle rentrait en Egypte. Mais elle était née au Caire et avait toujours vécu de cette façon un peu bôhème. Elle n'ignorait pas qu'ici en Angleterre les choses étaient beaucoup plus carrées et beaucoup plus ordonnées. Elle ne pouvait pas se permettre d'agir comme elle le faisait chez elle.

Les préfets avaient le chic pour l'attraper au moment où elle allait faire une découverte importante et pour la renvoyer dans son dortoir en lui disant que c'était trop dangereux. Ce genre de choses en étaient arrivées à un point où la jeune sorcière se demandait si ils ne la surveillaient carrément pas. Si ce n'était pas dangereux alors où était le plaisir? Erika ne faisait que tromper son ennui. C'était sans conséquence...

“Je ne pense pas que tu ferais tache. Je pense même que tu t'en sortirais très bien. Il suffit d'appliquer ce qu'on nous apprend en Défense contre les Forces du Mal et en Sortilèges. Ce n'est pas bien compliqué. Une bonne rapidité des réactions et être un minimum doué en duel. On peut survivre sans problèmes. Regarde même moi je suis en vie... En plus mes parents paient bien pour les fouilles. Je me suis fait un petit pactole cet été en grattant le sable...”

Les pensées de la jeune métisse revinrent Poudlard alors qu'elle se demandait ce qu'il les attendait cette année. Qu'est-ce que ce vieux fêlé de Dumbledore avait-il pu organiser? Il avait toujours des idées complètement loufoques. On ne pouvait pas ne pas l'apprécier. Sauf quand on était un Serpentard... Mais ceux-là n'aimaient personne à part peut-être le miroir dans lequel ils se regardaient tous les matins...

“Je me posais une question, Wednesday... Qu'as-tu l'intention de faire, je veux dire, après Poudlard... Tu dois bien avoir un projet de carrière, non?”

Elle n'avait elle-même jamais réellement pensé à ce qu'elle voulait faire quand elle aurait fini ses années d'étude à l'école anglaise. Les autres avaient-ils des projets ou se trouvaient-ils dans la même situation qu'elle?